Loading...
Back to Works

Écrans

Cet endroit…
un envers en abyme
ourdi de mots
désancrés du langage
iridescence d’images
en aveugle du visible
silences vibratoires
en quête de voix sans voie
 
 

Surfaces filées
sans une ligne
englouties
en creux
d’un bleu
atomisé
 
 
Histoires effilochées
suturées de sermons humanistes
frappées d’un argent trempé d’immondices
consumées par les flammes d’un océan éviscéré
 
 

À l’horizon
effacer mon visage
errer ma langue
en offrande
aux murmures
des sans-noms
 
 

Cet endroit…
non dit
non vu
non/m lieu
pacifique
cartographié
peinturluré
territorialisé
irradié
 
 

Immensité océanique
chercher une place
dans une place
qui n’est jamais
à sa place
hors champ
d’un point troumatique
 
 

Flux incontrôlable
frayant non pas un chemin
mais des rives en dérive
se donnant sans frontière
aux jointures infimes
mais précieuses
d’une profondeur marine
et d’un souffle cosmique
laissant alors poindre
par accident
une terre tremblée
dans le mouvement perpétuel
d’un devenir déplacé
 
 

Cet endroit…
qui n’appartient
à personne
où se trament
l’obscène d’une nation
l’obsession d’une identité
le sectarisme d’une tradition
l’hypocrisie  de grands récits
échoués sur les récifs
d’archipels nacrés de sang
 
 

Isthmes en schisme
de tout
localisme
nationalisme
indépendantisme
globalisme
juste…
un terre-à-terre
jeté dans les profondeurs
de vents hydrothermaux
évaporé dans les nuages toxiques
de vibrations célestes
 
 

Là où l’humain se dévoie
des larves de corail
viennent divaguer un hors sol
en toiles étoilées
de béances voluptueuses
faisant poindre
l’inaudible d’une larme
l’invisible d’un corps
dans la tyrannie de l’en soi
 
 

Cet envers…
qui ne peut jamais
s’enraciner
s’originer
car sans terre
désillusions continentales et insulaires
 
 

Une langue de mer
tenue à distance
en pleine vacance
d’un exotique Gauguin
et.. à dessein
travestie en écrans du néant
pour mieux y tatouer les récits explosifs
d’expérimentations invasives
et faire vomir l’océan
à coups
d’atomes en tic
de cartes en toc
et de colliers d’îles
enfilées de travers
 
 
Alors entre vous
je viendrais boire
l’encre opalescente
de cette nappe nucléaire
avant d’effleurer
d’un baiser cobalt
les lèvres irisées
d’un bénitier géant
ourlées de grains de sable
d’où perlent des mots
jamais dits ni entendus
offrande tabou
 
 

Cet envers…
en devenirs monde
là où se relie un univers désuni
en de généreuses multitudes
capables de pulvériser le métaverse
déjà trop humain
et de rabattre le multiverse
dès lors colonisé et monétisé
dans la fabrique d’images irrésolues
d’un subverse
nous invitant à toucher du doigt
les algorithmes mis au rebut
et incrustés dans la chair du monde
 
 

Un jour
dans la nuit océane
les chimères de la mer
darderont de pirogues
ces tissus de velours
pour y délier
en leurs entours
les  âmes clôturées
et elles plongeront leurs pagaies
dans cette eau énuclée
pour l’envoler
en de majestueux détours
 
 

Et en cette mer réverbérée
nous pourrons en retour
prendre la vague
et la fracasser à rebours
en efflorescences
de mondes
en vers
de l’écume
du verbe